La météo de montagne

LES PARAMÈTRES ATMOSPHÉRIQUES

Les variations de la température

Le temps change vite en montagne et les variations de température peuvent être brutales : le coup de froid, comme le coup de chaleur, peut arriver brusquement. C'est pourquoi, il faut toujours prévoir d’emporter dans son sac des vêtements chauds, des lunettes de soleil et un masque pour le brouillard quelque soit le temps du matin.

Ces variations de température sont généralement liées à l'arrivée d'une perturbation, à de fortes précipitations, à un fort refroidissement nocturne, à l'influence du vent, comme par exemple le fœhn (vent chaud et sec dû à l'échauffement de l'air déchargé de son humidité après le passage d'un relief), ou encore à l'enneigement du sol ou au retour du beau temps. Une information primordiale est donnée par l'altitude de l'isotherme 0 °C.

Isotherme 0 °C est la surface fictive regroupant l'ensemble des points de l'atmosphère où la température est égale à 0 °Celsius.
Pour l'alpiniste ou le skieur, l'isotherme 0 °C est un repère qui indique si l'air est plus ou moins froid ou plus ou moins chaud en altitude.
Les fluctuations de l'isotherme 0 °C accompagnent les changements de masses d'air (lors du passage d'une perturbation par exemple).
La stabilité de l'isotherme 0 °C indique une situation sans évolution notable.

  • Le soleil

    Il est absolument nécessaire de se protéger les yeux et la peau en montagne : le rayonnement solaire augmente avec l'altitude (de 12% tous les 1000m à partir de 2000m). A proximité d'une paroi rocheuse, les rayonnements thermiques et infrarouges sont plus importants.

Les chutes de neige

Les précipitations neigeuses ont pour premier effet de réduire considérablement la visibilité. La progression devient plus difficile. L'accumulation de neige peut provoquer des avalanches. Tout au long de l'année et même en été, un refroidissement peut faire descendre la limite de la neige à basse altitude. Les chutes intervenant hors-saison " plâtrent " la montagne.

Le vent

En montagne, le vent est souvent sujet à de brusques changements de direction et de force car le relief contrarie l'écoulement de l'air. Ceci par suite de courants d'air ascendants, descendants ou rabattants le long des parois ou dans les vallons encaissés, sans que ces phénomènes aient fait l'objet de prévisions dans les bulletins météorologiques. Il est d'autant plus dangereux qu'il est associé à un autre phénomène comme le froid, la pluie ou la neige. En particulier, l'action du vent pendant ou après une chute de neige est à l'origine d'accumulations comme les plaques à vent, les corniches et les congères, et elle augmente les risques d'avalanche.

Il peut vous mettre en danger si vous progressez en terrain difficile et instable ou si vous passez d'un endroit abrité à un site exposé (cols, crêtes) . Il faut donc toujours avoir des vêtements chauds sur soi ou dans son sac (polaire, coupe-vent, gants..).

La pression atmosphérique

C'est le poids d'une colonne d'air de 1 cm² de section sur une surface donnée, colonne prolongée jusqu'à la limite de l'atmosphère. On la mesure avec un baromètre en kg/cm² et au niveau de la mer, la pression moyenne est de 1 kg/cm², soit 1013 hectopascals (hPa). L'hectopascal est l'unité de mesure retenue aujourd'hui en hommage à Blaise Pascal, inventeur du baromètre. La pression varie dans le temps et l'espace. Elle diminue avec l'altitude. Elle est 2 fois moins forte à 5000m qu'au niveau de la mer. Plus on monte en altitude, plus la pression partielle de l'oxygène qui arrive aux poumons est faible et plus on a des difficultés à respirer. A une altitude supérieure à 3000 m, on peut subir des troubles dus à cette baisse de la pression, on se trouve en état d'hypoxie. C'est ce qu'on nomme le MAM (Mal Aigu des Montagnes). Il faut vite perdre de l'altitude en descendant doucement.

Le froid

La température de l'air baisse avec l'altitude de 1°C par 150m (0,6°C par 100m). En montagne, une baisse de température est le plus souvent un facteur de sécurité. Mais il peut vous mettre en danger si votre équipement est insuffisant.
La sensation de froid est essentiellement fonction de la vitesse de refroidissement de la peau. Ce refroidissement dépend de plusieurs facteurs météorologiques et de leur variation.

Le brouillard

Très fréquent en altitude, il n'est pas toujours signe de mauvais temps. Il arrive qu'un nuage isolé se stabilise au-dessus de notre tête et même si le soleil brille dans la combe voisine, le brouillard atténue fortement la visibilité jusqu'à une perte de repère complète. Il atténue les variations diurnes de la température, en particulier en moyenne montagne : le jour, lorsqu'il cache le soleil, il empêche le réchauffement de l'atmosphère ; la nuit, il en modère le refroidissement.
Il convient alors d'être très prudent et de ne partir n'importe où. La première chose à faire est de sortir la boussole, l'altimètre et la carte du sac et de rejoindre la vallée (ou la piste) en s'orientant avec ces instruments, sans oublier de profiter de la moindre éclaircie pour prendre les principaux repères. Il est important de toujours avoir un masque antibrouillard dans don sac.

L'orage et la foudre

Les orages en montagne sont relativement fréquents. Ils sont également plus surprenants, plus violents et plus dangereux qu'en plaine. L'orage est en général annoncé par des coups de vent avec des courants ascendants très forts. Il s'accompagne d'averses de fortes pluies, de neige ou de grêle ainsi que d'un refroidissement. Les turbulences créées par le cumulonimbus, nuage générateur des orages, peuvent être ressenties jusqu'à plus de 20 km de celui-ci.

La foudre est un court-circuit qui se produit le plus souvent entre le nuage chargé négativement et le sol chargé positivement. Les charges positives vont avoir tendance à s'accumuler sur tout ce qui dépasse et suivre le chemin le plus court et le plus conducteur. La foudre est le danger majeur : il est très difficile, en cas d'impact au sol, de se soustraire au risque et les chances de survie lorsque l'on a été touché sont infimes. Ses caractéristiques électriques sont impressionnantes : hautes températures (8 000 à 30 000 °C), hautes tensions (10 à 100 millions de volts), fortes intensités (25 000 ampères), temps de contact très bref (1/1 000e à 1/10 000e de seconde).

 

 


Quelques conseils préventifs

  • Éviter les crêtes.
  • Éloigner de soi toute pièce métallique (piolets, crampons, bâtons télescopiques, etc...
  • Ne pas stationner sous les arbres et rochers surtout lorsqu'ils sont isolés, ni sous les surplombs ou sous tout ce qui peut être conducteur (eau qui ruisselle le long d'une paroi).
  • S'asseoir par terre, car la foudre est attirée par tout ce qui dépasse (un arbre, un pic ou un homme debout. Ne pas s'allonger ni s'appuyer contre une paroi.
  • S'isoler au maximum du rocher ou du sol au moyen de tout matériau isolant : rouleau de corde, sac de couchage ou sac à dos dont l'armature est posée sur le sol.

Le mal des montagnes


La manifestation la plus bénigne du mal des montagnes pourra se limiter à des maux de tête, une diminution de l'appétit, des vomissements ou des insomnies qui apparaîtront après 6 ou 8 heures au-delà de 3 000 m. Un cachet d'aspirine pourra les faire disparaître progressivement.

Les formes aiguës du mal des montagnes sont l’oedème pulmonaire et l’oedème cérébral : la pression augmente dans les artères pulmonaires, la membrane qui sépare l'air et le sang est fragilisée et laisse filtrer du plasma qui envahit l'alvéole pulmonaire (ou les cellules cérébrales). Il faut redescendre la victime le plus vite possible, sinon la mort peut survenir rapidement. Les séquelles peuvent être graves.

Un oedème des mains, des chevilles ou des jambes, moins grave, peut également se produire. Il disparaîtra en général en deux ou trois jours si l'on ne reprend pas l'altitude.

 


Quelques conseils préventifs

Ces maux, parfois extrêmement graves, sont dus à une mauvaise acclimatation à la diminution de la pression atmosphérique. La rapidité à laquelle on s'habitue à l'altitude dépend des chromosomes de chacun et non pas de la technique alpine. La bonne acclimatation demande du temps.
Aucun moyen ne permet de s'habituer plus vite à l'altitude : on peut simplement augmenter les facteurs qui favorisent une bonne acclimatation en s'hydratant correctement pour empêcher le sang de devenir plus épais et favoriser l'arrivée d'oxygène dans les cellules.

Les bulletins d'estimation du risque d'avalanche

Les bulletins d'estimation du risque d'avalanche (BRA), sont diffusés du 15 décembre au 30 avril au 08 36 68 10 20. Ils comprennent cinq rubriques :

  • L'estimation du risque d'avalanche : Par massif et pour les 24 heures à venir avec la référence à l’échelle européenne (indice chiffré et signification) ;
  • Les conditions d'enneigement : Limites de l'enneigement skiable, appréciation générale sur l'enneigement, qualité de la neige de surface ;
  • Un aperçu météo : Brève information sur les paramètres prévus ayant une influence sur l’état du manteau neigeux ;
  • La stabilité du manteau neigeux : Bilan des chutes de neige récentes, état et évolution du manteau neigeux, conséquences sur la stabilité, la nature et l'intensité du risque d'avalanche.
  • La tendance ultérieure des risques : Evolution probable du risque à échéance d'au moins 48 heures.

Au cours de cette même période, des bulletins de synthèse hebdomadaire (BSH) sont disponibles du jeudi au dimanche. Ils résument les phénomènes marquants de la semaine écoulée, avec notamment le cumul des chutes de neige mesurées depuis le jeudi précédent.

 

Comprendre et interpréter les bulletins

L'information neige et avalanche est fournie à l'échelle de massifs. Elle n'est valable qu'en dehors des pistes balisées et ouvertes. C'est une information de synthèse qui s'attache à donner les particularités les plus représentatives des conditions de neige existantes ou prévues. Des précisions sont souvent apportées en fonction de l'exposition, de l'altitude ou encore de la plage horaire.
La consultation des bulletins d'estimation du risque d'avalanche doit devenir un réflexe quand on pratique la montagne enneigée en dehors des pistes balisées et ouvertes. En station, une information locale auprès des professionnels est également recommandée.

Le but des bulletins n'est ni d'interdire, ni d'autoriser la pratique de la montagne. Ce n'est qu'un outil d'aide à la décision permettant à chacun d'adapter son comportement aux conditions de neige. Il faut absolument prendre connaissance de l'intégralité du bulletin et ne pas s'en tenir au seul indice chiffré sur l’échelle, ni se fixer un seuil de risque arbitraire (par exemple : en risque 2, je vais partout). Seul le texte fournit une information qualitative sur le type de risque et sa localisation éventuelle.

L'enseignement retiré du bulletin dépend bien sûr de l'expérience et de la connaissance du milieu montagnard que vous possédez. Une fois sur le terrain, il convient d'apprécier si les conditions réelles sont dans l'ensemble conformes à celles qui étaient annoncées. En effet, la prévision du risque d'avalanche est établie à partir des conditions nivologiques existantes et des prévisions météorologiques, dont l'essentiel est indiqué sous la rubrique " aperçu météo " du bulletin. Elle peut être remise en cause si les conditions météorologiques évoluent différemment de ce qui était prévu.

Échelle européenne de risque d'avalanche (en cours d'évolution d'ici 2019)

L'estimation des risques fait référence à l'échelle européenne de risque d'avalanche qui comporte 5 indices. Chacun de ces indices correspond à un niveau de danger pour le pratiquant de la montagne. Aucun d'entre eux n'est à négliger : En montagne, le risque 0 n'existe pas. Ces indices sont ordonnés selon la gravité du danger auquel vous vous exposez...

Indice du risque Stabilité du manteau neigeux Probabilité de déclenchement
1- FAIBLE Le manteau neigeux est bien stabilisé dans la plupart des pentes. Les déclenchements d'avalanches ne sont en général possibles que par forte surcharge sur de très rares pentes raides. Seules des coulées ou petites avalanches peuvent se produire spontanément.
2- LIMITE Dans quelques pentes suffisamment raides, le manteau neigeux n'est que modérément stabilisé. Ailleurs, il est bien stabilisé. Déclenchements d'avalanches possibles surtout par forte surcharge et dans quelques pentes généralement décrites dans le bulletin. Des départs spontanés d'avalanches de grande ampleur ne sont pas à attendre.
3- MARQUE Dans de nombreuses pentes suffisamment raides, le manteau neigeux n'est que modérément à faiblement stabilisé. Déclenchements d'avalanches possibles parfois même par faible surcharge et dans de nombreuses pentes, surtout celles généralement décrites dans le bulletin. Dans certaines situations, quelques départs spontanés d'avalanches de taille moyenne et parfois assez grosse, sont possibles.
4- FORT Le manteau neigeux est faiblement stabilisé dans la plupart des pentes suffisamment raides Déclenchements d'avalanches probables même par faible surcharge dans de nombreuses pentes suffisamment raides. Dans certaines situations, de nombreux départs spontanés d'avalanches de taille moyenne, et parfois assez grosse, sont à attendre.
5- TRES FORT L'instabilité du manteau neigeux est généralisée De nombreuses et grosses avalanches se produisant spontanément sont à attendre y compris en terrain peu raide.